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portraits

  • Esther Duflo, économiste, influente, pionnière et ... presque prix Nobel

    Elle faisait partie des pressentis mais Esther Duflo n'a pas eu le prix Nobel d'économie 2017.  Je me suis rappelé d'un papier en plusieurs parties que j'avais fait pour Faces de Blog, pour le plaisir et toujours valable.  Il date de mai 2010. On y parlait d'essai contrôlé randomisé mais en des termes compréhensibles pour celui qui, comme moi, n'y connaissait rien. Et de lutte contre la pauvreté, thème central des recherches de la française, ex conseillère de Barack Obama. Le papier est toiletté de quelques scories. J'ai gardé la dernière phrase, on ne sait jamais...

     

     

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  • un an? déjà?!!!

    (Ce blog est en attente depuis janvier 2011. Voici un Post que j'avais réalisé pour l'anniversaire  du blog, en 2010. Bien sûr tous les portraits et articles plus récents sont égalements disponibles)

    Faces de blog, un an ??? déjà ? non, en fait 13 mois et quelques jours. Le temps passe trop vite. Ce blog demande du travail et du temps (d'autant qu'il n'est pas un blog typique), son existence est toujours un peu précaire mais il vit. Un grand merci à tous ceux, toujours plus nombreux me dit-on, à le lire, un grand merci à ceux qui ont apporté leur contribution.   J'espère que ce blog vous apporte, de temps en temps, un petit quelque chose. Voici des morceaux de rencontres, des morceaux de portraits glanés au fil de l'année,  par ordre d'apparition.


     

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    OLIVIER BALU (acteur, scénariste, metteur en scène)

     

    Il adore Bukowski. "On aurait pu partager une façon de rigoler"

     

    Il n'avait jamais rien terminé de comparable (à sa pièce) jusqu'à ce que la femme dont il partage la vie le fasse se lever le matin. Il écrit le matin.

     

    Texte incisif et drôle, personnages attachants, des jeunes comédiens enthousiastes et des moyens limités. On n'est pas dans les grands théâtres, on est là où les jeunes talents démarrent.

     

    Des rêves de gloire ? La réponse vient spontanément. Pas de trace d'ironie. Pas de soupçon d'insincérité  : "Ha oui carrément".

     

    (photo Nicolas Dauphin)

     

     

    LE DELEGUE QUI PLEURAIT

    C'était une drôle de semaine. Trois interviews de délégués syndicaux, trois interviews terminées dans les larmes.

     

    (Jean) Pleurait-il seulement pour ses camarades ? Sur une époque révolue ? De la défaite d'un certain type de syndicalisme ? Perdait-il ses dernières illusions ? Est-ce tout simplement que de nos jours, on peut beaucoup plus montrer ses sentiments ? Est-ce parce qu'il se disait qu'il ne pouvait plus se battre qu'à la marge, qu'il ne pouvait rien empêcher d'important ? J'aurais dû lui poser ces vraies questions.

    Et je repense à cet ouvrier candidat du NPA aux européennes traiter les gens de la CGT -qui ont parfois des méthodes tout de même assez musclées, à commencer par Jean- de chien de garde de la bourgeoisie.

    Et je repense à François Bayrou qui nous demande comment nous les sentons, les gens. En ce moment? Ils peinent à retrouver des repères qu'ils ont déjà perdus.

     

    LES SEVILLANSSéville 283.jpg

    Extrait d'un texte de Michel del Castillo

    Je me trouve à Séville au printemps 1984, avec un groupe d'amis. Quel peut-être, à cette date, l'état du monde, je me dispense de l'évoquer. Or, les éditions spéciales de tous les journaux, j'insiste sur "spéciales", ne sont remplies que d'un évenement formidable, qui met toutes la ville en émoi : la vierge de la Macarena, faubourg populaire de Séville, doit être couronnée dans la cathédrale, à la fin de l'après-midi.

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    GWENDOLINE RAISSON (écrivain)

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    "Quand tu écris une histoire pour enfants, c'est l'enfant qui est en toi que tu vas chercher, ce sont des sensations, une vision du monde que tu avais lorsque tu étais enfant que tu vas rechercher, et que tu gardes plus ou moins au fond de toi."

     

    Quand elle a commencé à écrire pour les enfants, elle a tout de suite compris que c'était sa voie. Comme si tout s'était éclairé d'un coup. Elle ne s'est plus posé de questions.

    (photo Cyril Nouaille)

     

     

    la vaisselle qu'on semble jeter dans des containers en métal,

    que ce soient les chariots roulants brinquebalant

    leurs bouteilles qui s'entrechoquent

    que ce soient les ascenseurs qui grimpent et dégrimpent sans cesse

    que ce soient les infirmières et les servantes qui s'interpellent

    en se lançant des numéros à la cantonnade,

    tiercé humain où beaucoup n'arrivent pas gagnants...

    C'est la vie, survoltée et indifférente...

    MINO HERVELIN MICHAUT

    La carlingue pleine de souffrance

    je plane à plat dos sur mon lit

    Toute prière et toute offrande.

     

    MANY YEM

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    Cette jeune femme de 24 ans ne se sépare jamais de son petit appareil photo numérique dans son sac. Une jolie scène, quelque chose qui lui plaît... et hop... Many cliqueclaque. Pour se souvenir des belles choses. Many promène une sorte de naïveté légèrement désenchantée.

    Many Yem n'est pas Many Yem. Je ne connaîtrai pas son nom. Elle l'a pourtant bien en tête. Son père lui a dit de bien s'en souvenir, peut-être pour le jour où elle pourra le rendre public. Son père a fait la guerre d'Indochine, puis a combattu les khmers rouges de Pol Pot. Bien que la guerre fût officiellement terminée, il s'est enfui du Cambodge sous une fausse identité en 1982, exfiltré avec sa femme grâce à un prêtre.

    Pour la premiere fois elle est partie là-bas en amenant ses parents qui, eux, aussi y sont repartis pour la premiere fois.  Là-bas, près de Battabang, sept heures de bus de Pnom Penh pour retrouver une grand-mère maternelle et sa famille.

     

    KARIMA DELLI (députée européene)

     

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    (texte et reportage : Anne Orenstein

    photos : Laurent Hazgui)

    Je suis sûre qu’elle n’a qu’une seule veste de tailleur. Un truc noir, basique, qu’elle met surtout sur un jean. C’est le seul sacrifice que Karima Delli semble faire au déguisement de l’élu.

     

    Ce portrait audio n’est pas celui de Karima Delli. C’est celui d’une jeune élue qui découvre le Parlement européen de Strasbourg.

     

     

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    EUNICE KENNEDY

    La force morale de la famille Kennedy
    L'histoire retiendra surtout Special Olympics, créés en 1968, les Jeux Olympiques pour les handicapés mentaux. Apparamment tout le monde lui avait prédit l'échec. Il y a aujourd'hui un million d'athlètes handicapés mentaux. On lui a expliqué qu'une course, une compétition perdue, ne pouvait être que dramatique pour un attardé mental. "Et alors avait-elle répondu, moi aussi quand j'ai perdu, je pleure".
    (texte : Thierry Balu)
    Nous arrivons dans un appartement sinistre rempli de carton1KENNEDY.jpgs de bas en haut.

     

    Tout cela est signe d’un repli stratégique en attendant, comme on dit en France, un retour à meilleure fortune. JK est dans la dèche !

    Il a fait comme il se doit dans ce cas-là aux Etats-Unis, il a licenciépresque tout le monde, et abandonné son siège social qui lui coûtait trop cher.

    JK arrive, incongru dans ce décor minable.



     

     

    Douch (ancien commandant du camp de torture S21 sous le régime de Pol Pot )

    skull.jpg"Je suis psychologiquement comptable devant la population cambodgienne tout entière des âmes de ceux qui ont péri. Puis-je vous implorer de m'autoriser à partager avec vous mon immense et tenace affliction et d'exprimer des remords extrêmement douloureux." (Douch à son procès)
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    "Je voudrais demander à la chambre de me libérer. Merci beaucoup."


    John Demjanjuk n'est pas allemand. Il n'est pas un haut responsable nazi. Cet ukrainien est soupçonné d'être "Ivan le Terrible", gardien et responsable des exécutions dans les camps de a morts de Sobibor et Treblinka.

    Ce procès est présenté comme le dernier procès de nazi.  Le Dernier Jugement.

    Le Dernier Jugement est aussi le nom d'un blog, signé Matthieu... Balu ! Mathieu se trouve à Munich. Le Dernier Jugement va bien au-delà d'un compte rendu de procès. Il se pose cette question : comment les générations successives, et particulièrement celle des années 2000, vivent-elles avec le nazisme.

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    SYLVAIN COLLIER

    Santa Fé, 600 kilomètres au nord-ouest de Buenos Aires. Sylvain y a passé 14 mois . Prière et bidonvilles, amour et violence, jeunesse et détresse.

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    "Si on a aimé c'est une réussite. Peut-être qu'on a semé des petites choses là-bas".


    Le quartier, ce sont Pinino, Vilma et leur quatre enfants. Il est peintre en batîment mais il vit des combats de coqs avec lequels il habite également. Il est toujours le premier dehors. Le quartier c'est Flaquito, le voisin. Son problème, c'est l'alcoolisme, tout comme Vilma. Le quartier, c'est Palito.

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    ESTHER DUFLO, une fille de la classe moyenne, un père prof de math, une mère pédiatre, une famille
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    de gauche et protestante qui vivait à Asnières.
    Un fille qui décoiffe et qui décolle. Normale Sup, doctorat en économie au MIT
    classée par Foreign Policy parmi les intellectuels les plus influents au monde.
    Qu'ont-ils de plus que les autres, Esther et son équipe dans la lutte contre la pauvreté?

     

     

     

     

     

     

    Et le plumpy Nut, le dernier post. Vous vous en souvenez?

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    A Saint François
  • Un beau vieil homme (IV)

     La fin du portrait de Joseph Bonnet, basque évadé de France, passé dans les geôles franquistes, enrôlé dans la 2e DB. Christophe Van Veen, journaliste à France Bleu Pays Basque, l'a rencontré chez lui à Hasparren.

    A 87 ans, Ttotte, le beau jeune homme, est devenu un magnifique vieillard.

    C'est à notre demande que Joseph raconte. Sa guerre. Il voudrait tout dire, mais pas trop non plus, pour ne pas passer pour ce qu'il n'est pas. Pris par l'émotion, par la fatigue, il se perd parfois, et se retrouve toujours, avec un grand sourire. Son récit est interrompu par un bruit sauvage de mixeur, dans la pièce d'à côté. C'est Renée, sa femme, invisible et toujours présente.PB030916.JPG

    "Un an avant d'être démobilisé, à Paris, j'avais confié à un copain que j'allais me marier avec elle. Et elle ne me connaissait pas ! J'avais fait le tour d'horizon de toutes les jeunes filles de l'époque et j'en avais conclu : "Il n'y a que celle là !"

    Et soixante-quatre ans plus tard, c'est toujours celle là. Renée. Fille d'un riche fabricant de chaussures. Joseph sera le gendre du patron, son représentant jusqu'à la retraite. Joseph et Renée vivent dans la maison de maître, la maison natale de l'épouse bien aimée.

    Renée n'a pas pu avoir d'enfant. Les Bonnet en ont adopté un, qui habitait avec ses 9 frères , dans la même rue, juste en face, de l'autre coté du trottoir. Il n'y a plus d'usine de chaussures à Hasparren, mais ce fils adoptif est quand même devenu lui aussi VRP en chaussures. Il porte le prénom du frère de Renée. Un frère mort sous les balles, pendant cette seconde guerre mondiale. Edmond.

    Renée reste, discrète, dans sa cuisine mais elle a mis son empreinte dans ce bureau où Ttotte reçoit. C'est elle qui a accroché au milieu des souvenirs une grande fresque au fusain. Le tableau donne vie à un combattant d'une autre époque, un cavalier ibérique, fier et déterminé, qui se bat avec son fidèle serviteur contre des moulins à vent. Joseph ne sait pas pourquoi sa femme a voulu ce tableau, ni même ce qu'il représente.

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     Christophe Van Veen

     

     

     

     

     

  • Un beau vieil homme (III)

    J'entre chez Hitler.

     

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     Dans sa salle de bain, je découvre sous sa baignoire une pile de lames de rasoir Solingen (un très bon acier allemand) où est inscrit "Für Adolf Hitler" (il le prononce dans un accent allemand du pays basque). Je vais vous dire, je me suis rasé longtemps avec. Mais un jour ma pauvre grand-mère qui avait toujours le balai à la main tombe sur ces vieilles lames usées et les fiche en l'air ! Tout comme mon carnet où j'avais noté tout mon quotidien dans la deuxième DB, depuis le Maroc ! "

    Joseph reprend son souffle. Puis, de sa voix douce et rocailleuse, il demande avec malice s'il peut raconter "une anecdote". A dire vrai, cette "anecdote" est son morceau de bravoure, le coup d'éclat d'un libérateur basque de 21 ans.

    "Chez Hitler, dans sa villa, je suis aussi tombé nez à nez sur des cornes de cerf , magnifiques, dans son salon.

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     Il y a écrit 1933 sur le crâne, l'année de son accession au pouvoir. Je me suis dit "Tu vas l'emmener à la maison !" Comme un trophée. Mes camarades me disent "Qu'est-ce que tu vas foutre avec ça ! Tu n'arriveras jamais à les passer." Je décroche les cornes et les cache sous une bache dans mon GMC (NDLR : camion Général Motors). Je les ai stockées à Paris chez ma tante, dans son grenier, le temps que les liaisons férroviaires soient rétablies. Et un an et demi plus tard, je reçois un coup de fil de la gare de Cambo les Bains qui me prévient qu'une grande caisse vient d'arriver pour moi. C'étaient les cornes.

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    Eh bien ces cornes d'Hitler, elles sont restées là, chez moi. De Berstädtgaden à Hasparren, quel périple ! Je les ai mises dans mon bureau, au salon, et même dans une chambre. Elles prenaient beaucoup de place , à la fin, je ne savais plus trop où les mettre. Alors je les ai données au musée de la résistance de Pau. Vous les verrez au premier étage. C'est pour les jeunes générations, pour que les gens n'oublient pas la guerre. Je n'ai pas voulu les vendre une fortune sur internet, au risque de tomber sur des nostalgiques du nazisme."

     

    (photo 2e DB Gaston Eve, un autre témoignage)

    On les imagine, ces bois morbides, défigurant la pièce où le vieil homme n'aspire plus qu'à la sérénité. Une relique du Fürher, à Hasparren, dans la cité de Francis Jammes où le poète goûtait le charme premier du pays basque. Le bureau de Joseph n'est pas tout à fait un musée de la guerre. Certes, on est saisi par le portrait géant de son héros, le général Leclerc, peint d'après une petite photo donnée par sa femme à un artiste local.

    Dans une vitrine en verre, quelques médailles militaires, la légion d'honneur reçue il y a dix ans, mais aussi des médailles de l'ancien double champion de france de rebot en 1954 et 1955 (le rebot, cette discipline de pelote basque que j'aimais beaucoup, sans exagérer, j'étais un très bon buteur ! ) . Des tas d'archives, bien sûr, des piles de livres historiques, et le journal l'Equipe, le quotidien sportif. Et un agenda ouvert, un agenda 2010, rempli de rendez vous.

    la suite du portrait de Joseph Bonnet par Christophe Van Veen très bientôt !!