La suite de ces portraits croisés, en marge de deux interviews.
Blabla de circonstances. Jean-Luc Delarue cherche à regagner la confiance des téléspectateurs. Retrouver son image de gendre idéal. Il s’étend donc sur son action pour la Chaine de l’espoir.
C’est évident, il la cherche, sa grand-mère. En fait, Benjamin Castaldi regrette de n’avoir pas compris qui il avait à côté de lui, de ne pas avoir pris la mesure de Simone Signoret.
C’est normal quand à 15 ans.
Quand on parle d’elle, il s’anime. Ses yeux deviennent mobiles, joyeux. Il prend vie. Puis tout à coup il toussote. Il se racle un peu la gorge. Dès que la réponse devient un peu perso ça recommence. Parler d’elle c’est parler de lui, c’est parler de ce qu’il n’est pas
En fait, j’ai l’impression d’être dans une chambre d’hôtel. Habitée sans l’être. Si ce n’est cette photo d’une vieille dame sur le bureau. A la fin de l’interview, je lui demanderai qui est sur la photo. « Ma grand-mère, c’est elle qui m’a élevée. Je lui dois tout. Elle m’a tout appris. » « Et vos parents, ils sont fiers de vous ? » Blanc. La voix repart dans les graves, à peine audible et le débit s’accélère. « C’est pas des choses qu’on dit chez nous, mais moi en tout cas, je suis fier d’eux. Je ne sais pas s’ils sont fiers de moi. Ils ne m’ont jamais dit ça. »
D’ailleurs dans son texte il se dévalorise constamment. Il est celui qui n’a jamais lu un bouquin de sa jeunesse - par paresse et malgré les encouragements de Simone - sauf sur ... la tombe de sa grand-mère. « Arrivé à un certain âge on se rend compte d’un certain nombre de faiblesses qu’on peut avoir !
Moi, maintenant, je fais de la télévision, je fais des programmes qui marchent très forts (toussotement), je présente des gens qui n’ont d’intérêt que leur personnalité, qui sont surtout pas des stars, et encore moins des…des, des vedettes qui sont des…des gens connus, on va dire.
C’est évident qu’avec la famille que j’ai, des fois je me pose des questions sur…ce que j’aurais pu être.
Enfin, j’éteins le micro. Il s’intéresse à mon parcours, ma vie mon œuvre… Et me lâche quelque chose comme ça : « Vous savez, je ne veux surtout pas devenir Michel Drucker. Il trouve ça nul ce que je fais. Il ne comprend pas qu’on puisse s’intéresser à des gens pas connus. Moi, je ne comprends pas qu’on puisse s’intéresser à des gens connus. Se plaire là-dedans. Moi, si j’ai pété un câble, je pense que c’est mon inconscient qui m’a sauvé. Je n’en pouvais plus de ce milieu.
Benjamin rigole : « c’est sûr, dans les programmes que je fais, je passe pas pour un garçon qui a des intérêts intellectuel forts ! » Je lui fais remarquer qu’il a eu 19 au bac en histoire géo (c’est dans le livre, Castaldi s’est quand même permis cette coquetterie !). Il prend la balle au bond, me raconte son haut fait car il se souvient de tous les détails, m’affirme qu’il est passionné d’histoire avant d’expliquer que sa note il la doit surtout à la chance et à la ruse. Ce jour-là, il avait vraiment décidé de la jouer modeste
En revenant, j’ai dit à tout le monde que j’étais mal à l’aise avec cette interview, ne sachant pas si elle était bonne ou si je n’étais qu’une oie blanche. Et que c’est vraiment un grand acteur.
J’étais content de l’interview, déroulée sur un mode assez personnel. Et puis viennent les questions sur ce grand mélange, de modestie de sincérité, de pudeur ou fausse pudeur. Des vraies-fausses confidences. Ou des fausses-vraies. Une manip'? non. Complaisance? Secret story?