La deuxième guerre mondiale a transformé la vie de beaucoup de nos aïeux. Joseph (Ttotte)Bonnet fait partie des 23 000 "évadés de France", ceux qui ont passé la frontière de l'Espagne franquiste pour tenter de rejoindre les alliés. Son parcours est étonnant, leur histoire est méconnue . Christophe van Veen journaliste à France Bleu Pays Basque a rencontré un homme modeste dans sa maison de Hasparren, sa ville natale d’environ 6000 habitants, près de Cambo les Bains. Un grand merci à Christophe, l’auteur de ce texte, et à Joseph
"D'Hasparren , en 1943 nous sommes partis à quarante.
Et nous sommes trois survivants."
Le doigt se promène, un peu tremblant, précis tout de même. L'index éclaire chaque compagnon. Il s'arrête sur une gueule d'ange.
"Me voilà là, en Angleterre, là, entre Camille et Castagné , de Biarritz, et celui-ci de Mauléon... Tous les autres, ce sont des oranais et des espagnols..."
Photo de groupe, photo de troupe.
"Me voilà, là. J'étais bel homme quand même... "
Joseph Bonnet a fait un long voyage avant de poser sur la photo de la "prestigieuse" Deuxième Division Blindée du général Leclerc.
Le beau jeune homme a 21 ans. Joueur de pelote basque, grand gaillard athlétique, il est ouvrier à la fabrique de chaussures d'Hasparren "JB AMESPIL Jeune" , comme sa mère, son frère et sa soeur. Son papa créait des modèles de souliers.
Depuis ses 13 ans et son certif, Joseph travaille en usine. Un destin tout tracé qui donne envie de faire faux bond. Au fond de lui, il se sent libre, prêt à quitter son village natal, sans se retourner.
"Il fallait que je fasse mon devoir. J'avais un certain idéal. Il y avait aussi l'idée de se faire une meilleure situation. Par Radio Londres, tous les jours, on entendait : "Rejoignez-nous ! Rejoignez-nous ! Allez en Espagne ! ". Et les passeurs nous donnaient tous les détails. Leur mot de reconnaissance était "Andere Polita" : Jolie Femme. "(il rit)
(Radio Londres-annonce du débarquement sur l'Afrique du nord - Novembre 1942)
En février 1943, Joseph décide de rejoindre l'Afrique du Nord par ses propres moyens.
"Une nuit d'hiver, avec l'aide d'un passeur, Ruffino, commerçant de Cambo, on part d'Hasparren à 18 heures, et à minuit on est à la frontière dans une ferme. Le lendemain, à Elizondo , sur la recommandation d'un industriel d'Hasparren, je suis censé rencontrer un certain Blachmarin. Mais ce Blachmarin me dit qu'il ne peut pas m'aider et je me retrouve à la rue, sans rien.
la suite très vite
Commentaires
J'aime déjà cet homme au phrases simples et aux mots directs, au courage sans vantardise. Vivement la suite !
Je viens de lire le dernier épisode. Il y a du Jean de La Varende dans ce final ! Et comment ne pas aimer ces gens ?
un dimanche de grisaille,et l'aventure nous attend au detour de cette rencontre.L aventure humaine dans sa simplicite et le talent du journaliste pour nous faire partager ce parcours .