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portraits - Page 2

  • Un beau vieil homme (II)

    La suite du portrait de Joseph  (Ttotte) Bonnet, évadé de France, par Christophe Van Veen.

    "Je me retrouve à la rue, sans rien.

    Comme je ne veux pas retourner chez moi non plus, je me présente au commissariat."

    Au commissariat, il n'est pas seul. D'autres jeunes ont passé la frontière. Et la police espagnole s'occupe à sa manière des "évadés de France".

    "Nous sommes transférés à Pampelune en car. On nous rassure : " Ne vous inquiétez pas ! On vous conduit à l'hôtel et en arrivant, vous aurez une bonne omelette". L'hôtel, c'était la prison de Pampelune ! Huit personnes dans une cellule faite pour deux. Cheveux rasés. Une assiette de soupe le midi, une autre le soir avec un bout de pain. C'est tout ! "

    Trois mois plus tard, il est transféré près de Miranda de Ebro, le camp de concentration franquisteevad2.gif

    Joseph passe huit mois dans des thermes désafectés, gardé par des militaires. Un accord finit par être trouvé avec le gouvernement provisoire d'Alger qui récupère ces vingt mille jeunes "évadés", du sang neuf pour l'armée de libération.

    Ttotte touche au but. Après un interrogatoire qui sert à débusquer les espions, le basque choisit le général Leclerc à Rabat. Leclerc et l'artillerie au sein de laquelle son papa Baptiste s'est illustré durant la première guerre mondiale, en 1918. L'artillerie, ou plus précisément la colonne de ravitaillement en obus et en essence. leclerc.jpg

    "J'étais chargé des munitions, j'ai pas participé aux premières lignes, faut pas que j'exagère quand même ! Mais j'ai été bombardé deux fois (une fois vingt minutes, une autre fois une heure) par les allemands qui visaient rarement au hasard. C'était le sauve qui peut ! Je me cachais dans un trou, le temps que ça passe. "

    Au Maroc, le jeune haspandar a croisé une fois son héros, le général Leclerc, qui lui a dit tout simplement : " Vous allez participer à la libération de la France".

    "Par rapport à Delattre de Tassigny qui aimait bien les honneurs et les décorations, Leclerc ne demandait qu'une chose : "Foncer, foncer, foncer..."

    Les fonceurs débarquent à Utah Beach le 1er aout 1944, et traversent la Normandie jusqu'à Paris. Les hommes de Leclerc sont les premiers à entrer dans Paris, par la Porte de Saint Cloud.

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     "Ah ! Quel enthousiasme ! Malgré les allemands qui étaient toujours aux alentours. Tout le monde se jettait sur nos véhicules. Et puis les femmes... (il rit) qui venaient nous embrasser. Croyez moi on n'a pas perdu notre temps !"

    Après une semaine de permission "agitée" dans la capitale, la deuxième DB reprend du service. Libération de Strasbourg, Colmar, Royan... Rien n'arrête la deuxième DB. En mai 1945,elle continue à foncer dans le secteur de Bertstätgaden, le nid d'Aigle d'Adolph Hitler.

    "Sur les autoroutes construites par Hitler, on a fait la course avec les américains. On est arrivé ensemble au pied du nid d'aigle ! Mais c'est quand même un officier français qui a planté le drapeau tricolore là haut."

     

     

    8 mai 1945. L'Allemagne capitule. Berchtesgaden.jpg

    "Le 12 mai, mon supérieur me propose de monter au nid d'Aigle avec mon GMC. Les villas d'Hitler, de Goëring et de Speer étaient saccagées, dévastées par la Royal Air Force.

     

    J'entre chez Hitler

     

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  • Un beau vieil homme (I-une introduction)

    La deuxième guerre mondiale a transformé la vie de beaucoup de nos aïeux. Joseph (Ttotte)Bonnet fait partie des 23 000 "évadés de France", ceux qui ont passé la frontière de l'Espagne franquiste pour tenter de rejoindre les alliés. Son parcours est étonnant, leur histoire est méconnue . Christophe van Veen journaliste à France Bleu Pays Basque a rencontré un homme modeste dans sa maison de Hasparren, sa ville natale d’environ 6000 habitants, près de Cambo les Bains. Un grand merci à Christophe, l’auteur de ce texte, et à Joseph

     

     "D'Hasparren , en 1943 nous sommes partis à quarante.

    Et nous sommes trois survivants."

    stele_celhay.gifLe doigt se promène, un peu tremblant, précis tout de même. L'index éclaire chaque compagnon. Il s'arrête sur une gueule d'ange.

    "Me voilà là, en Angleterre, là, entre Camille et Castagné , de Biarritz, et celui-ci de Mauléon... Tous les autres, ce sont des oranais et des espagnols..."PA280910.JPG

    Photo de groupe, photo de troupe.

    "Me voilà, là. J'étais bel homme quand même... "

    Joseph Bonnet a fait un long voyage avant de poser sur la photo de la "prestigieuse" Deuxième Division Blindée du général Leclerc.

    Le beau jeune homme a 21 ans. Joueur de pelote basque, grand gaillard athlétique, il est ouvrier à la fabrique de chaussures d'Hasparren "JB AMESPIL Jeune" , comme sa mère, son frère et sa soeur. Son papa créait des modèles de souliers.

    Depuis ses 13 ans et son certif, Joseph travaille en usine. Un destin tout tracé qui donne envie de faire faux bond. Au fond de lui, il se sent libre, prêt à quitter son village natal, sans se retourner.

    "Il fallait que je fasse mon devoir. J'avais un certain idéal. Il y avait aussi l'idée de se faire une meilleure situation. Par Radio Londres, tous les jours, on entendait : "Rejoignez-nous ! Rejoignez-nous ! Allez en Espagne ! ". Et les passeurs nous donnaient tous les détails. Leur mot de reconnaissance était "Andere Polita" : Jolie Femme. "(il rit)


    (Radio Londres-annonce du débarquement sur l'Afrique du nord - Novembre 1942)

    En février 1943, Joseph décide de rejoindre l'Afrique du Nord par ses propres moyens.

    "Une nuit d'hiver, avec l'aide d'un passeur, Ruffino, commerçant de Cambo, on part d'Hasparren à 18 heures, et à minuit on est à la frontière dans une ferme. Le lendemain, à Elizondo , sur la recommandation d'un industriel d'Hasparren, je suis censé rencontrer un certain Blachmarin. Mais ce Blachmarin me dit qu'il ne peut pas m'aider et je me retrouve à la rue, sans rien.

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  • Jean-Luc Delarue, Benjamin Castaldi, en vrai, en faux (II)

     

    La suite de ces portraits croisés, en marge de deux interviews.

     

     

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    Blabla de circonstances. Jean-Luc Delarue cherche à regagner la confiance des téléspectateurs. Retrouver son image de gendre idéal. Il s’étend donc sur son action pour la Chaine de l’espoir.

     

     

     

    castaldi.jpgC’est évident, il la cherche, sa grand-mère. En fait, Benjamin Castaldi regrette  de n’avoir pas compris qui il avait à côté de lui, de ne pas avoir pris la mesure de Simone Signoret.

    C’est normal quand à 15 ans.

     

    Quand on parle d’elle, il s’anime. Ses yeux deviennent mobiles, joyeux. Il prend vie. Puis tout à coup il toussote. Il se racle un peu la gorge. Dès que la réponse devient un peu perso ça recommence. Parler d’elle c’est parler de lui, c’est parler de ce qu’il n’est pas

     

     

     

     

     

     

     En fait, j’ai l’impression d’être dans une chambre d’hôtel. Habitée sans l’être. Si ce n’est cette jean-luc-delarue.jpgphoto d’une vieille dame sur le bureau. A la fin de l’interview, je lui demanderai qui est sur la photo. « Ma grand-mère, c’est elle qui m’a élevée. Je lui dois tout. Elle m’a tout appris. » « Et vos parents, ils sont fiers de vous ? » Blanc. La voix repart dans les graves, à peine audible et le débit s’accélère. « C’est pas des choses qu’on dit chez nous, mais moi en tout cas, je suis fier d’eux. Je ne sais pas s’ils sont fiers de moi. Ils ne m’ont jamais dit ça. »

     

     

     

     

     

     D’ailleurs dans son texte il se dévalorise constamment. Il est celui qui n’a jamais lu un bouquin de sa jeunesse - par paresse et malgré les encouragements de Simone -  sauf  sur ... la tombe de sa grand-mère. « Arrivé à un certain âge on se rend compte d’un certain nombre de faiblesses qu’on peut avoir !

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     Moi, maintenant, je fais de la télévision, je fais des programmes qui marchent très forts (toussotement), je présente des gens qui n’ont d’intérêt que leur personnalité, qui sont surtout pas des stars, et encore moins des…des, des vedettes qui sont des…des gens connus, on va dire.

     

     

     

    C’est évident qu’avec la famille que j’ai, des fois je me pose des questions sur…ce que j’aurais pu être.

     

     

     

     

     

     

     

    Enfin, j’éteins le micro. Il s’intéresse à mon parcours, ma vie mon œuvre… Et me lâche quelque jean-luc-delarue-20050725-57370.jpgchose comme ça : « Vous savez, je ne veux surtout pas devenir Michel Drucker. Il trouve ça nul ce que je fais. Il ne comprend pas qu’on puisse s’intéresser à des gens pas connus. Moi, je ne comprends pas qu’on puisse s’intéresser à des gens connus. Se plaire là-dedans. Moi, si j’ai pété un câble, je pense que c’est mon inconscient qui m’a sauvé. Je n’en pouvais plus de ce milieu.

     

     

     

      

      

    Benjamin rigole : « c’est sûr, dans les programmes que je fais, je passe pas pour un garçon qui a des intérêts intellectuel forts ! » Je lui fais remarquer qu’il a eu 19 au bac en histoire géo (c’est dans le livre, Castaldi s’est quand même permis cette coquetterie !). Il prend la balle au bond, me raconte son haut fait car il se souvient de tous les détails, m’affirme qu’il est passionné d’histoire avant d’expliquer que sa note il la doit surtout à la chance et à la ruse. Ce jour-là, il avait  vraiment décidé de la jouer modeste

      

      

     

    En revenant, j’ai dit à tout le monde que j’étais mal à l’aise avec cette interview, ne sachant pas si elle était bonne ou si je n’étais qu’une oie blanche. Et que c’est vraiment un grand acteur.

     

     

     

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    J’étais content de l’interview, déroulée sur un mode assez personnel. Et puis viennent les questions sur ce grand mélange, de modestie de  sincérité, de pudeur ou  fausse pudeur. Des vraies-fausses confidences. Ou des fausses-vraies. Une  manip'? non. Complaisance? Secret story?

     

     

     

  • Benjamin Castaldi, Jean-Luc Delarue, en vrai, en faux (I)

    C'était il y a quelques mois : Anne, ma femme, avait interviewé Jean-Luc Delarue, avant les derniers développements cocaïnomanesques de l'animateur. Elle en avait retiré une curieuse impression. C'était il y a quelques semaines, j'avais rencontré Benjamin Castaldi pour une interview. J'en avais retiré une curieuse impression.  Du coup, pour Faces de Blog, Anne et moi avons  fait un petit texte sur cette rencontre, très courte au demeurant : vingt minutes, trente minutes à peine. Qui avions nous en face de nous?? J'ai mélangé les deux textes, voilà le résultat!

    Jean-Luc Delarue (Anne) est en Times new Roman normal

     

    Benjamin Castaldi (Nicolas) est en Times New Roman gras et italique

     

    couvegala.jpgUn quart d’heure. J’ai un quart d’heure de retard. Pas grave, il n’est pas encore arrivé non plus. Chez Réservoir Prod, on m’accueille à bras ouverts, aux petits soins. On sort de son bureau pour voir la journaliste. « Vous allez faire un portrait radio de Jean-Luc ? Vous allez voir, il est vraiment super. » Pour son retard, on semble coutumier du fait. Visiblement, tout le monde adore le chef ici. Et le chef, c’est Jean-Luc Delarue.

      

    Après un quart d’heure supplémentaire d’attente, enfin, il arrive. Blouson de cuir et casque de scooter à la main. Il renifle. Normal il fait froid. Sourire de gendre idéal comme sur la photo de Gala.

     

    Poignée de main ferme et excuses polies. Il donne quelques ordres pour les émissions à venir et direction son bureau.

     


    C’est une forme vêtue de cuir, assise sur canapé, tellement penchée en avant qu’on croit Fouquets.jpgqu’elle va se cogner la tête à la table du petit déjeuner. C’est vrai qu’il est tôt, à peine 15h.  Je fais comme si  je ne la voyais pas encore, intimidé par le lieu. Le Fouquets c’est classe. C’est vrai que, désormais, il  a un côté bling bling indélébile. Mais je suis intimidé. En entrant je suis passé quatre fois devant l’escalier qui mène au bar sans le voir.

    Je monte au bar. Je demande où je peux trouver la personne que je cherche. on m’indique la forme. C’est bien lui.

     

     

    Une salle de bal son bureau. Partagé en son milieu par une espèce d’œuvre d’art contemporaine à base de néons multicolores. Pas ma came. reservoir_prod.jpg

    Aux murs, quelques photos de plateaux, Ca se discute, Toute une histoire, et de grandes feuilles blanches recouvertes d’idées d’émissions et à qui les vendre.

     

    hotel-barriere2_1389287c.jpgBenjamin Castaldi tranche un peu avec le décor et les personnages qui le composent ce jour-là. Nous allons donc dénoter un peu tous les deux. Sourire, shake hands, asseyez-vous, non merci je ne veux pas de café. Benjamin C. tapote sur son téléphone portable, toujours aussi penché sur la table.

    Quant il se relève je le vois avec ses yeux qu’on croit toujours à peine ouverts et sa peau presque tannée. Il a l‘air gentil et nous échangeons quelques phrases super banales. Benjamin Castaldi n’est pas là pour vendre Secret Story, La ferme Célébrité ou je ne sais plus quelle émission qui vous récon cilie avec le genre humain.

      

      

    reserv1-regie.jpgIl avait un message à passer, celui d’un animateur capable d’être posé, qui s’inquiète d’abord de ses téléspectateurs, de ses témoins et de ses employés. Sauf qu’on a commencé par parler foot. Sa voix s’est éteinte et son débit s’est accéléré. Il ne me regardait pas, comme tourné vers l’intérieur de lui. Il a parlé de son fils qu’il idolâtre, d’art qui le passionne et puis on est passé à l’émission et il s’est excusé de parler aussi vite. M’a dit qu’il travaillait dessus avec un professionnel. Il a bu une gorgée de coca et m’a donné les audiences de Toute une histoire et les parts de marché. (photo : régie reservoir prod)


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    Il est là pour parler d’un livre sur sa grand-mère, Simone Signoret. Des photos intimes de l’époque dans la maison familiale mais mises en scène. Des photos parfois incroyables.

     

    « Mais le drame c’est qu’il n’y a aucune photo personnelle, de Noël ou d’anniversaire. On ne prenait jamais de photo dans la famille ». Le texte est de Benjamin.  Il raconte, sur un mode perso, la vie de sa grand-mère  morte lorsqu’il avait 15 ans.

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