La suite du portrait de Joseph (Ttotte) Bonnet, évadé de France, par Christophe Van Veen.
"Je me retrouve à la rue, sans rien.
Comme je ne veux pas retourner chez moi non plus, je me présente au commissariat."
Au commissariat, il n'est pas seul. D'autres jeunes ont passé la frontière. Et la police espagnole s'occupe à sa manière des "évadés de France".
"Nous sommes transférés à Pampelune en car. On nous rassure : " Ne vous inquiétez pas ! On vous conduit à l'hôtel et en arrivant, vous aurez une bonne omelette". L'hôtel, c'était la prison de Pampelune ! Huit personnes dans une cellule faite pour deux. Cheveux rasés. Une assiette de soupe le midi, une autre le soir avec un bout de pain. C'est tout ! "
Trois mois plus tard, il est transféré près de Miranda de Ebro, le camp de concentration franquiste
Joseph passe huit mois dans des thermes désafectés, gardé par des militaires. Un accord finit par être trouvé avec le gouvernement provisoire d'Alger qui récupère ces vingt mille jeunes "évadés", du sang neuf pour l'armée de libération.
Ttotte touche au but. Après un interrogatoire qui sert à débusquer les espions, le basque choisit le général Leclerc à Rabat. Leclerc et l'artillerie au sein de laquelle son papa Baptiste s'est illustré durant la première guerre mondiale, en 1918. L'artillerie, ou plus précisément la colonne de ravitaillement en obus et en essence.
"J'étais chargé des munitions, j'ai pas participé aux premières lignes, faut pas que j'exagère quand même ! Mais j'ai été bombardé deux fois (une fois vingt minutes, une autre fois une heure) par les allemands qui visaient rarement au hasard. C'était le sauve qui peut ! Je me cachais dans un trou, le temps que ça passe. "
Au Maroc, le jeune haspandar a croisé une fois son héros, le général Leclerc, qui lui a dit tout simplement : " Vous allez participer à la libération de la France".
"Par rapport à Delattre de Tassigny qui aimait bien les honneurs et les décorations, Leclerc ne demandait qu'une chose : "Foncer, foncer, foncer..."
Les fonceurs débarquent à Utah Beach le 1er aout 1944, et traversent la Normandie jusqu'à Paris. Les hommes de Leclerc sont les premiers à entrer dans Paris, par la Porte de Saint Cloud.
"Ah ! Quel enthousiasme ! Malgré les allemands qui étaient toujours aux alentours. Tout le monde se jettait sur nos véhicules. Et puis les femmes... (il rit) qui venaient nous embrasser. Croyez moi on n'a pas perdu notre temps !"
Après une semaine de permission "agitée" dans la capitale, la deuxième DB reprend du service. Libération de Strasbourg, Colmar, Royan... Rien n'arrête la deuxième DB. En mai 1945,elle continue à foncer dans le secteur de Bertstätgaden, le nid d'Aigle d'Adolph Hitler.
"Sur les autoroutes construites par Hitler, on a fait la course avec les américains. On est arrivé ensemble au pied du nid d'aigle ! Mais c'est quand même un officier français qui a planté le drapeau tricolore là haut."
8 mai 1945. L'Allemagne capitule.
"Le 12 mai, mon supérieur me propose de monter au nid d'Aigle avec mon GMC. Les villas d'Hitler, de Goëring et de Speer étaient saccagées, dévastées par la Royal Air Force.
J'entre chez Hitler
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