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  • Le délégué qui pleurait

    J'espère que mes voisins ne voient pas ce que j'écris. Je me trouve au Parc expo de Rouen et le Nouveau Parti Anticapitaliste tient son avant-dernier meeting avant le scrutin des élections européennes. La salle se chauffe doucement. J'attends qu'Olivier Besancenot prenne la parole pour prendre des notes et enregistrer des extraits du discours pour les journaux de ce jeudi matin. J'entends des mots, des expressions : défiler, crise, interdictions de licenciement, la "rage exprimée dans les urnes", grève générale, en finir avec ce sytème... mais mon esprit s'égare, s'envole. J'ai déjeuné avec François Bayrou la veille avec quelques confrères et quelques membres de son staff de campagne. Le grand chef du MoDem nous a demandé l'air inquiet : "Et vous les journalistes, vous les sentez comment, les gens ? Plutôt las ou plutôt révoltés ?"

    Nous les journalistes, on ne les sent pas très bien, les gens, en ce moment. C'est un peu réciproque d'ailleurs. Les gens, on les sent surtout las, pour le moment. Très las. Je n'y ai pas pensé  tout de suite mais j'aurais pu raconter au chef du MoDem l'histoire du délégué qui pleurait. Je n'en ferai pas le portrait complet. Jean n'est pas son prénom mais c'est ainsi que je l'appellerai. Jean est délégué CGT chez un sous-traitant automobile. Les difficultés de l'entreprise sont antérieures à la crise, j'y reviendrai.

    Jean est délégué CGT, et de la CGT, il est question à la tribune du meeting qui se déroule sous mes yeux. "Ha! si Bernard Thibault voulait lancer des appels à la grève générale, quelle gueule ça aurait !" dit l'intervenant. Mais non, rien n'est venu. Alors pour ce candidat de la circonscription Nord-Ouest, ouvrier dans l'automobile comme lui, les gens de la CGT ne sont plus que "des chiens de la garde de la bourgoisie et du patronat".

    C'est peut-être ça la misère du délégué CGT qui pleurait. Peut-être y a-t'il un lien entre son histoire et l'opinion de cet ouvrier qui semble si proche de lui, je ne sais pas. Pourtant ce délégué CGT qui pleurait semble très respecté dans ce qu'il reste de son entreprise. Il me rend perplexe.

    Mais Olivier Besancenot, cette bête de scène, s'avance. Il va parler. Je dois écouter. Alors l'histoire du délégué qui pleurait, je vous la raconte demain...

  • Olivier, bonus track...(fin)

    n641508829_1634842_6553490.jpgNous avons dû tourner en rond, Olivier et moi. Nous finissons par nous poser dans un café presque vide et sans charme près de la station Arts et Métiers. Une télé diffuse des clips volume maximum et un groupe de Coréens rie et parle aussi fort que possible pour dompter le bruit de fond des Kylie Minogue, Britney Spears ou Lady Gaga (pas facile mais pas impossible apparemment). Cannes, c'est loin. Des rêves de gloire ? La réponse vient spontanément. Pas de trace d'ironie. Pas de soupçon d'insincérité  : "Ha oui carrément".

    Et ce prolongement : "D'ailleurs je me vois bien en rock star !!". Jim Morrisson, par exemple... Olivier n'a plus 17 ans, il en a 29 mais on dirait que ces rêves, ils les a maintenant.  

     

     

     (photo Nicolas Dauphin)

     

     

    La rock star, idole rebelle, romantique, anar... on peut la voir dans sa pièce. une pièce qui règle quelques comptes. Mais sans méchanceté. "Je n'ai pas envie d'agresser les gens. C'est un peut-être un défaut que j'ai !? J'ai peut-être tendance à fuir les conflits".

    Il contourne les obstacles ?

    En tout cas il a au moins une fois transcendé un coup du sort.

    Il y a quelques années, une étudiante larguait son petit copain de Sciences Po pour un autre. Les armes n'étaient pas égales. L'autre lui offrait du rêve, pas des idées générales : il avait un bon gros camion. Je ne suis pas sûr que cela ferait rêver toutes les filles mais elle oui. En tout cas selon le science potard. Alors il décida lui aussi d'offrir du rêve. Il décida lui aussi de vendre du rêve. Il voulut être reconnu. Il savait qu'il possédait le don d'écrire. Et s'est tourné vers le théâtre. 

    fin début