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rouen

  • La Vie Plumpy

    Une journée, un rappel, une précision, et une Une.

    La journée, c'était celle du 16 octobre, la journée de l'alimentation. Une opération à la Tour Eiffel : 10 000 assiettes vides pour symboliser les 10 000 enfants qui meurent chaque année de malnutrition.

    La Une, celle de "La Vie". Vous le reconnaissez ?

     

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    Le Plumpy Nut, le remède miracle contre la malnutrition.

    Si vous ne connaissez pas, rendez-vous sur ce blog ici. Et il y a une suite au "Dallas humanitaire" dont je parlais.

    Il y a quelques jours, la recette du Plumpy Nut a été rendue publique. Pas la recette exacte. Mais presque. Et Nutriset, la société haut-normande qui le fabrique, ouvre ses brevets à une trentaine de pays en développement. Ils peuvent fabriquer le produit et le commercialiser sous ses marques, à condition de verser 1% du chiffre d'affaire à l'Institut de Recherche et développement. Une réponse aux attaques américaines.

    Apparemment, cela n'a pas convaincu Médecins sans frontières si l'on en croit France 24. MSF qui doute des intentions de Nutriset. Pourquoi ne pas avoir élargi son brevet à tous les pays du Sud ???

     

    Voilà ! la semaine prochaine on reprend "Le procès" mais on part aussitôt après au Pays Basque  direction Berchtsgaden en passant par Londres. Accrochez vous !

     

     

  • Plumpy nut et le Dallas humanitaire

    De la pauvreté (cf les post précédents) à la malnutrition, il y a un pas que je franchis aujourd'hui (avant de fêter les un an de ce blog, ce sera plus léger !). C'est un article de BBC Afrique.com qui a attiré mon attention. Un produit miracle pour nourrir les enfants, issu d'une entrpreprise française. Un brevet. Des sociétés américaines qui veulent faire la même chose ou presque. Alors ils attaquent devant la justice. La levée des restrictions peut sauver des millions d'enfants disent-ils. Drôle de bataille juridique...

    Pas de Face de blog sans portrait, vous le savez...

    portrait plumpy.jpg

     

    C'est beau, n'est-ce pas ? C'est une photo de l'Unicef. Vous avez vu ce magnifique petit sachet en bas à gauche ? C'est du Plumpy Nut : beurre d'arachide, huile végétale, lait en poudre, sucre auxquels sont ajoutés des vitamines et des minéraux.

    Le tout est une pâte prête à l'emploi pour les nouveaux nés jusqu'aux enfants de deux ans, atteints de malnutrition sévère. Pas besoin d'eau et donc pas besoin d'aller à l'hôpital pour obtenir de l'eau propre. Le Plumpy Nut se prend sur place. Et en quelques semaines, les enfants se rétablissent. Le produit fait des miracles, il est devenu un standard de l'aide alimentaire ces cinq dernières années.

    Il est breveté, bien évidemment.

    Le Plumpy Nut a été mis au point et fabriqué par Nutriset, une petite entreprise familiale de Malaunay près de Rouen, il y a plus de dix ans, en collaboration avec l'IRD (l'Institut de Recherche et de développement). Il a mis des années à être reconnu, semble-t-il. L'UNICEF et MSF l'ont adopté et le produit révolutionne l'urgence humanitaire.

    25 millions d'enfants de moins de cinq ans souffriraient de malnutrition sévère dans le monde. Plumpy Nut couvre un certain nombre de pays, notamment africains, mais pas tous, loin de là. Il y a du monde à aider. Il y a un marché.

    plumpy3.jpgAh ! si Nutriset voulait bien ne pas empêcher la concurrence d'exister, si Nutriset voulait bien ne pas empêcher des millions d'enfants d'avoir accès à cette pâte que tout le monde peut fabriquer (parce qu'elle n'est pas bien compliquée à mettre au point). Voilà l'argument de la concurrence. Car il y en a une désormais.

    Notamment celle de Mama Cares et Breedlove foods, associations américaines à but non lucratif qui ont elles-même mis au point une pâte  semblable. Mais le brevet de Nutriset est également déposé aux Etats-Unis. Et voilà que nos deux fondations, en décembre 2009, décident d'attaquer Nutriset et veulent casser son brevet devant les tribunaux de Washington !

    Soyons honnêtes, les réponses de Nutriset sont largement valables : le problème, explique la communication de la société, ce n'est pas la production insuffisante mais le manque de financements internationaux  ou de système en place pour fournir ces produits (BBCAfrique).

    Dans plusieurs pays d'Afrique, l'entreprise a mis sur pied des partenariats locaux (des franchises notamment) pour fabriquer du Plumpy Nut avec des produits locaux. L'exposer à la concurrence internationale, ce serait handicaper l'économie locale. Vrai et malin à la fois : l'argument fait bondir les plaignants, "mauvaise foi ! C'est pour protéger leur Plumpy Nut"!!! se désolent-il. plumpy4.jpg

    On les comprend mais cela fait un peu sourire : les Etats-Unis sont les plus grands pourvoyeurs d'aide alimentaire au monde mais... la législation américaine impose que la quasi totalité de l'aide financiere soit utilisée pour acheter des produits américains, empaquetés pour partie aux Etats-Unis et transportés sur des bateaux américains. Idéal pour les surplus agricoles. Et pour la petite histoire, l'avocat des plaignants appartiendrait au Peanut Institute, l'institut de promotion de la cacahuète américaine (cf l'article de Philippe Bernard dans Le Monde et Temoust)

    On sourit encore un peu plus (non je ne suis pas anti-américain !!) à la lecture de cet article de Newsweek intitulé "the plumpy crusader", dans lequel le journaliste fait l'éloge d'Edesia qui va enfin transformer "des décennies d'aide humanitaire américaine contreproductive" et de protectionnisme humanitaire.

    Edesia ? Une compagnie à but non lucratif lancée par Nutriset avec une fondation américaine. Installée aux Etats-Unis, Edesia va nouer des partenariats sur des projets de recherche mais également produire du Plumpy Nut !!! Edesia ou comment contourner un problème et recevoir des subventions : bien joué Nutriset !

    Mais qui a raison ? MSF, qui a beaucoup fait pour le Plumpy Nut, s'est fendu d'une lettre pour mettre les choses au point : un seul fournisseur mondial, est-ce bien raisonnable dans ce domaine ? Il faut sécuriser la chaîne d'approvisionnement. Il faut pouvoir se mobiliser vite et massivement en cas d'urgence. Le brevet doit être une exception.

    Les tribunaux américains ne plancheront probablement pas sur cette problématique (je crois que la question est : la recette du Plumpy Nut est-elle trop générale pour la breveter ?). L'enjeu est pourtant bien là. Décision dans quelques semaines...

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    Dans quelques jours, toujours pas d'équipe de France de football, d'Anelka ou d'Evra sur Faces de blog mais Faces de blog qui fête ses un an !

    Keep in touche comme dirait Domenech à Anelka.

     

  • Many, retour au Cambodge (I)

    Many Yem a 24 ans. Cette jeune femme d"origine cambodgienne habite Rouen et est à l'origine d'une opération humanitaire en faveur d'orphelins à Phnom Pehn. Elle est partie là-bas, une première pour elle. Elle est partie avec ses parents, leur premier retour depuis leur fuite du pays, en 1983, victimes des khmers rouges et des vietnamiens. Rencontre à l'heure où le procès de Douch, le tortionnaire du macabrement fameux camp S 21, se tient dans les environs de la capitale.

     

    Many à l'âme d'une photographe. Cette jeune femme de 24 ans ne se sépare jamais de son petit appareil photo numérique dans son sac. Une jolie scène, quelque chose qui lui plaît... et hop... Many cliqueclaque. Pour se souvenir des belles choses. Many promène une sorte de naïveté légèrement désenchantée. Ce doit être permanent. L'humanitaire ? un rêve pour elle. Quelques mois dans une ONG en 2007 l'ont bien réveillée : "l'humanitaire ce n'est pas ce qu'on croit, c'est aussi beaucoup de business." Il n'empêche. Many a les idées arrêtées. Elle part à la fin du mois au Canada pour suivre une formation pour une autre Organisation Non Gouvernementale, AIPE, Aide Internationale pour l'Enfance. Et en début d'année, à son niveau, Many a elle même initié une opération humanitaire dont le succès a dépassé ses espérances.

    Many Yem 3.jpg

    Un matin, Many a mis une petite affichette sur sa fenêtre. Elle voulait venir en aide à des orphelins de Phnom Penh. Là encore, un rêve. Elle a toujours voulu faire quelque chose pour son pays d'origine, qu'elle ne connaissait pas. C'est sa voisine qui a réagi en premier. Pas pour lui dire de retirer l'affiche mais pour lui faire savoir qu'elle possédait un container et qu'elle le mettait à sa disposition. Quatre tonnes... Ce ne sont plus quelques crayons et cahiers qui vont suffire...

    Alors Many lance un appel, auprès des médias locaux notamment, sans y croire vraiment avoue-t-elle aujourd'hui. En quelques jours pourtant, c'est l'engouement. Un engouement qu'elle ne s'explique d'ailleurs toujours pas mais qui lui fait encore croire à la générosité des gens. Le container sera rempli et fin mars, il part du Havre pour rallier le Cambodge où il arrivera le 30 avril. L'association l'Eléphant Blanc s'occupe de la distribution. Des produits d'hygiène notamment, premier besoin pour les enfants là-bas... Many n'y assiste pas, elle est déjà repartie, mais elle vient de passer un mois sur place.

    Un mois incroyable. Car à vrai dire, Many voulait depuis longtemps revenir au Cambodge. Mais avec ses parents. Pas avant eux, pas avant de leur avoir donné les moyens d'y retourner, pas avant qu'ils ne revoient leur pays qu'ils ont quitté précipitamment en 1983 parce que la vie étaient devenue trop difficile et dangereuse.

    Car Many Yem n'est pas Many Yem.

     

    La suite, très vite.