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élections

  • Les sévillans (I)

    Maintenant que les élections sont terminées, nous pouvons désormais parler des Européens. Le hasard fait que j'ai passé quelques jours à Séville une semaine avant le scrutin. Le hasard fait également qu'avec quelques amis, nous y sommes allés au moment de la procession de San Fernando (d'où proviennent les photos prises par ma femme Anne et moi), patron de la ville et quelques jours avant les festivités des 25 ans du couronnement de Notre dame d'Espérance de Séville, la Macarena... Je ne sais pas si ces élections étaient historiques, mais ce texte tiré d'un livre de Michel Del Castillo, Nos Andalousies, me fait bien rire et pose quelques petites questions. Séville ? j'adore...

     

    Séville 237.jpgJe me trouve à Séville au printemps 1984, avec un groupe d'amis. Quel peut-être, à cette date, l'état du monde, je me dispense de l'évoquer. Or, les éditions spéciales de tous les journaux, j'insiste sur "spéciales", ne sont remplies que d'un évenement formidable, qui met toutes la ville en émoi : la vierge de la Macarena, faubourg populaire de Séville, doit être couronnée dans la cathédrale, à la fin de l'après-midi. Sa Sainteté Jean-Paul II a accordé cette faveur particulière, assortie d'une bénédiction. Faut-il préciser que la circulation sera strictement interdite, toute activité paralysée, le centre rempli d'une foule innombrable, balcons et fenêtres décorés de tapisseries, des dais dressés au carrefours ? La liesse donc. Et pourquoi pas ? La religion, se mêlat-elle de superstition, ne me fait pas rire et je suis moi même chrétien. Les occasions de se réjouir sont d'ailleurs trop rares pour que je songe à bouder la fête. Tout juste souris-je du sérieux, de la gravité avec lesquel la presse présente l'événement , qualifié unanimement d'"historique". pas trace d'ironie, que dis-je ?, pas même le soupçon que cette réthorique creuse et ampoulée puisse prêter à rire. (...)

    Séville 283.jpgDans un silence d'autant plus saisissant qu'il succède à un vacarme dément, le paso arrive, escorté de soldats, de gardes civils en tenue de gala, d'une troupe de chanoines et de prélats (...). La vierge brune, juchée sur son char d'argent massif, éclairée par des centaines de cierges, "danse" bizarrement. Son long manteau de velours serti de joyaux traîné dix mètres en arrière, tenu par des fillettes en robe  bleues, chaussettes blanches(...).Séville 301.jpg

    Séville 295.jpg

    La Macarena passe maintenant devant nous (...), la foule nous presse, nous bouscule. Des applaudissements frénétiques retentissent, des cris, des piropos, c'est à dire des compliments. Elle se trémousse, bien sûr, comme une reine, elle est la plus belle, la plus grande, qu'elle vive et olé ! ma jolie colombe, ma gazelle. Près de nous un homme entre deux âges, d'allure modeste, désire  renseigner les étrangers que nous sommes. Ou peut-être veut-il seulement étaler son érudition. Il nous fait donc un exposé sur le couronnement de la Macarena qu'il achève par ces mots : "Maintenant, elle est la reine de Séville".

    "Pourquoi maintenant ? Reine, elle l'a toujours été. Et la plus grande. Impératrice, elle est devenue ! IM-PE-RA-TRICE !"

    Ces paroles ont été proférées d'un ton si agressif que notre homme se tait et lève un regard intimidé vers la géante (?), qui vient de l'apostropher. Un "travelo" assurément.

    (la suite demain)