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experimentation sociale

  • Esther Duflo III (la fin)

    Résumé des épisodes précédents : une  trentenaire d'Asnières-sur-Seine est-elle en train de révolutionner l'économie du développement ? Les essais cliniques appliqués à l'économie, voilà la méthode (déjà un peu pratiquée dans les années 60 aux Etats-Unis, paraît-il). Oublions les grandes théories, ou encore le fatalisme nous dit Esther, concentrons notre intérêt sur les petites choses. Scientifiquement. Et tentons d'en tirer des leçons. On pourrait enfin éclairer les choix politiques. On peut vraiment ?

    duflo conf2.jpg

    Ben non, pas vraiment.

    En tout cas c'est ce que disent les critiques d'Esther Duflo.

    Les résultats ne sont valables que dans un contexte donné à un moment donné. Du coup, le labo contre la pauvreté a décidé de multiplier les expériences similaires. Par exemple, en Inde, une étude sur les effets de la mise en place de quotas en faveur des femmes et des minorités locales a été évaluée dans 24 Etats.

    Mais au bout du compte, pour citer un économiste de la Banque Mondiale (hé oui je cite des économistes de la Banque Mondiale moi. Celui-ci s'appelle Martin Ravaillion et il est repris dans un excellent article de sciences humaines.com) : « le nombre d’expériences à sélection aléatoire nécessaire pour tester ne serait-ce qu’un seul programme de portée nationale, pourrait bien être prohibitif ».

    Et puis le terrain, c'est gentil mais les économistes aiment les théories économiques, c'est normal.

    Alors ces petites expériences mises bout à bout peuvent-elles contribuer à une théorie ou des enseignements généraux ?

    Oui dit Esther Duflo : son labo répond à la critique en développant des modèles économiques à partir des résultats des expérimentations. Je n'alourdirai pas le propos en me lançant là-dedans. A ceux qui aiment l'économie je renvoie à l'excellent site SES-ENS et son dossier sur Esther Duflo. Disons simplement que ces modèles modifient la théorie de la demande dans les pays pauvres.

    Et alors ?

    C'est simple ! On débouche notamment sur l'explication de comportements locaux qui entretiennent la pauvreté (exemple : la notion d'incohérence temporelle chez les paysans.)

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    Oui redit Esther Duflo : elle a tiré deux livres de son action : la politique de l'autonomie (le micro-crédit et la lutter-contre-la-pauvrete-2-la-politique-de-l-autonomie-esther-duflo.jpggouvernance locale ne remplacent pas les politiques publiques) et le développement humain (des solutions pour améliorer la santé et l'éducation).

     

    Au bout du compte et en cherchant bien, on en lira des critiques ... je vous fais grâce de quelques unes (fausse bonne méthode, effet de mode, l'expérimentation sociale nouvelle forme de pensée dominante etc.)

    So what?

    On ne m'empêchera pas de penser qu'un vent pas mauvais souffle enfin dans la lutte contre la pauvreté. Utile et fécond. On en reparle lorsqu'elle obtiendra le Nobel d'Economie ?